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21 janv. 2025

La gouvernance dans les startups : pourquoi et comment les BA doivent s’y impliquer

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La gouvernance dans les startups : pourquoi et comment les BA doivent s’y impliquer

La gouvernance des startups est un sujet central pour les investisseurs, souvent sous-estimé mais crucial pour maximiser les chances de succès d’un projet. Pour les business angels, s’impliquer dans la gouvernance ne se limite pas à participer aux assemblées générales ou à siéger au conseil d’administration. Cela représente un levier stratégique pour accompagner la croissance, minimiser les risques et créer de la valeur sur le long terme. Les startups doivent aujourd’hui mettre en place des mécanismes adaptés à leur stade de développement pour piloter efficacement leur stratégie et gérer les risques. Ce rôle clé appelle une implication active des business angels dans les différentes instances de gouvernance.



Pourquoi la gouvernance est cruciale dans une startup ?

  1. Orienter la stratégie de croissance
    Les fondateurs d'une startup sont souvent absorbés par les opérations quotidiennes. Une gouvernance efficace permet d'apporter une vision stratégique, en prenant du recul pour évaluer les priorités et aligner les objectifs de l’entreprise avec ses ressources disponibles. Elle aide à poser les bases d’une réflexion stratégique en guidant les fondateurs sur des décisions majeures : lever des fonds, se diversifier ou entrer sur de nouveaux marchés. Le Conseil d’administration, par exemple, joue un rôle clé en fixant des échéances stratégiques tout en restant flexible face aux aléas.

  2. Gérer les risques
    Les startups opèrent dans des environnements incertains où les risques financiers, opérationnels ou réglementaires sont omniprésents. La mise en place de processus clairs, comme des audits réguliers ou des revues stratégiques, permet de détecter et de résoudre ces problèmes en amont. Les investisseurs, grâce à leur expertise et à leur réseau, peuvent aider à anticiper ces défis et à élaborer des solutions adaptées.

  3. Préparer la startup à une levée de fonds ou un exit
    Les BA potentiels ou les acheteurs évaluent souvent la gouvernance d’une startup pour juger de sa maturité et de son potentiel. Une structure solide, avec des comités actifs et des mécanismes de contrôle, peut augmenter la valorisation et accélérer les négociations.


Comment les business angels peuvent s’impliquer efficacement ?

  1. Participer activement aux organes de gouvernance
    Siéger au conseil d’administration ou au comité stratégique d’une startup est une opportunité pour les BA de contribuer directement aux décisions majeures. Ils peuvent apporter une expertise sectorielle, challenger les fondateurs sur leurs hypothèses et valider des orientations clés. Par exemple, lors de discussions sur le pivot d’un modèle économique, l’expérience des investisseurs est souvent précieuse. Ce sont cependant, des conditions à aborder lors de la rédaction du pacte d’actionnaires. L’IFA (Institut Français des Administrateurs) recommande un équilibre dans la composition du Conseil (3 à 4 membres au démarrage, 5 à 8 à maturité) pour garantir une diversité constructive des points de vue sans alourdir les débats.

  2. Structurer les processus de prise de décision
    La gouvernance permet de clarifier la vision stratégique, en aidant les fondateurs à définir des priorités et à aligner leurs ressources. Les instances comme le Comité Stratégique (ou Advisory Board), spécifiques aux startups, jouent un rôle clé pour apporter une perspective externe et des conseils stratégiques sans s’impliquer dans la gestion courante. Les investisseurs peuvent introduire des outils de suivi comme des indicateurs de performance (KPIs), des tableaux de bord financiers, ou des calendriers de reportings réguliers (attention à ne pas harceler l’entrepreneur non plus). Cela permet de professionnaliser la gestion tout en évitant une charge administrative excessive pour les fondateurs.

  3. Accompagner dans les moments critiques
    Les crises font partie intégrante du parcours entrepreneurial. Que ce soit une baisse de trésorerie, une réorganisation interne ou une crise de communication, les investisseurs peuvent jouer un rôle clé en aidant les fondateurs à naviguer ces périodes difficiles. Leur recul et leur réseau deviennent alors des atouts précieux.

  4. Mettre à profit leur expertise et leur réseau

    L’expertise des BA, souvent acquise au cours de décennies dans des secteurs spécifiques, leur permet d’intervenir de manière ciblée. Un BA ayant évolué dans l’industrie de la cybersécurité pourra conseiller une startup sur la certification de ses solutions ou sur les standards à atteindre pour pénétrer des marchés internationaux. Cette capacité à identifier rapidement les enjeux stratégiques et opérationnels offre un avantage significatif aux startups, particulièrement lors des étapes critiques comme le développement de nouveaux produits ou l’entrée sur de nouveaux marchés. Leur réseau constitue également un actif majeur. Les business angels ouvrent souvent les portes d’écosystèmes stratégiques en mettant les startups en relation avec des partenaires commerciaux, des clients potentiels ou d’autres investisseurs. Un BA peut introduire une startup spécialisée dans les énergies renouvelables auprès de grandes entreprises cherchant à intégrer des solutions innovantes pour réduire leur empreinte carbone. Ce type de connexion ne se limite pas à des opportunités commerciales : il peut aussi inclure des relations avec des experts techniques, des mentors ou des organismes publics. En gouvernance, cette double force — expertise et réseau — s’exprime également à travers leur rôle dans les comités stratégiques ou les conseils d’administration. En d’autres termes, un BA siégeant dans un Advisory Board peut apporter une vision éclairée sur les tendances sectorielles tout en facilitant l’accès à des ressources stratégiques, telles que des consultants spécialisés ou des avocats d’affaires. Cela contribue à renforcer la capacité de la startup à relever des défis complexes, tout en professionnalisant son cadre de gouvernance.


Les pièges à éviter pour les business angels

  1. Microgérer l’équipe fondatrice
    Bien que leur implication soit essentielle, les investisseurs doivent éviter de s’immiscer dans la gestion quotidienne de la startup. Leur rôle est avant tout de guider, conseiller et contrôler, sans interférer dans l’exécution opérationnelle.

  2. Négliger les aspects juridiques et contractuels
    La gouvernance repose également sur des bases légales solides. Les pactes d’actionnaires doivent être clairs sur des points comme les droits de vote, les clauses de liquidité ou les mécanismes de sortie. Les BA doivent s’assurer que ces éléments sont bien cadrés dès le début.

  3. Imposer des processus trop lourds
    Les startups, par nature, ont besoin de flexibilité. Une gouvernance trop rigide ou bureaucratique peut freiner leur agilité. L’objectif est de trouver un équilibre entre contrôle et autonomie.



La gouvernance dans les startups n’est pas une simple formalité, mais un pilier central de leur succès à long terme. Pour les BA, s’y impliquer activement est une opportunité d’amplifier leur impact et de maximiser leurs retours sur investissement. En s’investissant dans des organes comme l’Advisory Board ou le CODIR, les business angels apportent une expertise précieuse et contribuent à structurer les bases d’une croissance durable. En apportant leur expertise, leur réseau et leur recul stratégique, ils participent à la structuration d’un cadre propice à la croissance, tout en protégeant leurs intérêts et ceux des autres parties prenantes.



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Les différentes instances de gouvernance en startups :

Advisory Board (Comité Stratégique)
Cette instance consultative réunit souvent des BA, des investisseurs en capital-risque, et parfois des experts externes. Son rôle est d’orienter les grandes décisions stratégiques sans interférer avec la gestion courante.

COMEX (Comité Exécutif)
Composé des dirigeants opérationnels (CTO, CFO, CEO), il est en charge des décisions stratégiques majeures. Les BA y apportent leur recul pour guider les orientations à moyen et long terme.

CODIR (Comité de Direction)
Cette instance, regroupant les responsables clés de l’entreprise, permet de débattre des projets stratégiques et opérationnels. Les BA y participent pour assurer un alignement entre la vision des fondateurs et les attentes des investisseurs.

Management Committee
Plus large et opérationnel, il traite des enjeux comme la gestion des OKR ou les problématiques managériales. Les BA y jouent un rôle indirect mais stratégique en structurant les discussions.