L'investissement à impact, ça vous intéresse ?

Dans un contexte global marqué par une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et sociaux, l’investissement à impact émerge comme une stratégie financière qui allie rendement économique à responsabilité sociale et environnementale. L’année dernière, le Mouvement Impact France a répertorié plus de 60 fonds d’investissement en France qui, ensemble, détiennent 14,8 Mds€ actifs sous gestion dont 11,7 Mds€ déjà investis et le reste en cours de déploiement. Est-ce seulement un effet de mode éphémère ou est-ce que la finance durable a un réel avenir ? Mais tout d’abord, savez-vous ce qu’est l’investissement à impact ?
Qu’est-ce que l’investissement à impact ?
L’impact investing, se distingue par son objectif double : obtenir un retour financier tout en provoquant un impact social ou environnemental positif. Ce concept, qui a pris racine suite à la crise financière de 2007, a été poussé par des fondations philanthropiques majeures comme Rockefeller, proposant une alternative aux modèles d’investissement traditionnels qui négligent souvent les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités.
Les trois principes fondamentaux de l’investissement à impact sont :
Intentionnalité : chaque investissement est entrepris avec l’intention délibérée d’atteindre des objectifs sociaux ou environnementaux spécifiques
Additionnalité : l’investissement démontre que l’impact bénéfique ne se serait pas produit sans l’engagement financier
Mesurabilité : l’impact des investissements est quantifié et rapporté de façon transparente, permettant d’évaluer leur véritable efficacité
Acteurs principaux et mécanismes
L’impact investing attire une gamme variée d’acteurs comprenant des investisseurs institutionnels, des fonds de pension, des investisseurs privés tels que les business angels, et des fondations philanthropiques. En Europe et aux Etats-Unis, ces investisseurs contribuent à façonner un écosystème d’investissement diversifié, allant des banques qui développent des produits d’investissement à impact aux fonds spécialisés qui se concentrent exclusivement sur ce type d’investissement. Ces différents acteurs utilisent une variété d’instruments, parmi lesquels :
Le private equity : investissements en capital dans des entreprises non cotées avec des objectifs forts d’impact social ou environnemental
Les obligations vertes et durables : emprunts destinés à financer des projets ayant un impact positif sur l’environnement
Les investissements directs : capitaux placés directement dans des entreprises ou des projets qui génèrent des impacts sociaux ou environnementaux significatifs
L’impact investing encourage les investisseurs à considérer une gamme plus large de variables lors de l’évaluation des opportunités d’investissement. En mesurant les impacts sociaux et environnementaux en plus des rendements financiers, les investisseurs obtiennent une compréhension plus complète de la valeur réelle et totale que leurs investissements génèrent. Cela inclut des considérations sur la façon dont une entreprise gère ses relations avec les employés, la communauté, l’environnement, et comment ces pratiques impactent sa performance à long terme et sa réputation.
Conditions d’éligibilité spécifiques aux start-ups à impact | |
Qualification de l’entreprise | La start-up doit être reconnue comme ayant un impact social ou environnemental significatif. Cela peut inclure, mais sans s’y limiter, des entreprises dans les domaines de l’énergie renouvelable, de la santé durable, de l'éducation innovante, et de l’inclusion sociale |
Période de détention | Les parts doivent être détenues pour une durée minimale de cinq ans |
Engagement dans la R&D | Bien que cette condition soit plus typiquement associée aux entreprises technologiques, les start-ups à impact peuvent également y répondre par le développement de nouvelles solutions ou technologies visant à résoudre des problèmes sociaux ou environnementaux |
Avantages pour les investisseurs | |
Exonération d’impôt sur les plus-values | Les investisseurs qui conservent des parts dans une entreprise innovante pendant au moins cinq ans peuvent bénéficier d’une exonération totale des plus-values à la sortie, sous certaines conditions liées à la nature de l’entreprise au type d’activité |
Loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), 2019 | Le statut d’« entreprise à mission » en France permet aux entreprises de s’engager formellement dans des objectifs sociaux/environnementaux bien qu’il n’offre pas d’avantage fiscal. En revanche, il facilite l’attraction d’investissements à impact en renforçant la crédibilité et la visibilité des engagements sociaux et environnementaux de l’entreprise |
Des entreprises comme Phenix, qui lutte contre le gaspillage alimentaire en France, illustrent l’efficacité de l’investissement à impact. Grâce à sa levée de fonds de 15M€ en 2022, Phenix a réussi à réduire significativement les déchets alimentaires tout en fournissant des repas à des personnes en besoin, démontrant ainsi un impact social direct et mesurable.
Pour évaluer l’efficacité de tels investissements, les indicateurs peuvent inclure le volume de déchets alimentaires réduit, le nombre de repas distribués, ou encore l’impact sur les émissions de CO2 évitées grâce à des innovations dans la gestion des déchets.
Une bonne compréhension des divers acteurs et mécanismes est importante pour appréhender l’investissement à impact mais il est également important d’assimiler comment cette approche se distingue de concepts financiers similaires (mais distincts) tels que la finance solidaire et l’ISR pour mieux saisir leurs spécificités et leurs critères d’opérations uniques.
Impact investing, finance solidaire et ISR : quelles différences ?
Bien que l’impact investing, la finance solidaire et l’ISR (investissement socialement responsable) partagent un objectif commun de concilier le rendement financier et l’impact social ou environnemental, ils se distinguent par leurs approches et leurs critères spécifiques. Comprendre ces différences est crucial pour les investisseurs qui cherchent à aligner leur portefeuille avec leurs valeurs.
La finance solidaire : souvent intégrée dans l’économie sociale et solidaire (ESS), se concentre sur le soutien à des projets ayant un fort impact social, tels que l’emploi des personnes handicapées, l’aide aux exclus du système bancaire traditionnel, ou le soutien à des projets de développement local. Les retours financiers sont souvent moins prioritaires ou attendus à des niveaux plus modestes. Les coopératives, les mutuelles et les associations qui investissent les bénéfices dans leurs missions sociales en constituent des cibles typiques.
L’ISR : sélectionne ses investissements principalement via les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), mais n’exclut pas nécessairement des secteurs entiers. Il s’agit d’intégrer ces critères dans l’analyse traditionnelle pour mieux évaluer les risques et les opportunités. L’ISR vise à influencer les entreprises à adopter de meilleures pratiques tout en générant des rendements compétitifs. Les fonds ISR investissent dans des sociétés cotées en bourse qui démontrent de bonnes pratiques en matière de gestion environnementale, de relations sociales et de gouvernance d’entreprise.
En d’autres termes, l’impact investing représente une approche innovante de la finance, alignant les investissements avec les objectifs de développement durable. En adoptant une stratégie qui valorise tant les retours financiers que les bénéfices sociaux et environnementaux, l’impact investing propose une voie vers une prospérité plus équitable et durable, tout en offrant aux investisseurs une opportunité de contribuer positivement aux grands défis de notre époque.
Cependant, la prévention de « l’impact washing » reste un défi majeur. Cela nécessite l’établissement de normes claires et de mécanismes d’audit interdépendants pour assurer la transparence et la véracité des impacts revendiqués par les entreprises et les fonds d’investissement
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